Au début du XXe siècle, la tuberculose fait des ravages dans les milieux populaires et la mortalité infantile ne cesse de croître. Par ailleurs, l’alarmante contagion de la maladie parmi les soldats de la Grande Guerre fait prendre conscience aux pouvoirs publics des dangers qu’elle représente pour la défense nationale mais aussi pour l’économie du pays. C’est la loi dite « Léon Bourgeois », du 15 avril 1916, qui impose sur l’ensemble du territoire la création de dispensaires d’hygiène publique. En 1919, avec l'apport technique et financier de la mission Rockefeller, est créé le Comité national de défense contre la tuberculose.
1919. Fondation de l’association
Le Comité départemental de Défense contre la tuberculose du Morbihan (CDDT 56) est créé à Vannes en novembre 1919 en tant qu'association loi 1901 (publiée au Journal officiel de la République française du 2 décembre 1919), à la suite de la dissolution du Comité départemental d’assistance aux militaires réformés pour tuberculose depuis le début de la guerre. Il a pour mission l’information antituberculeuse, la gestion et la création des dispensaires d’hygiène sociale, la coordination des efforts de tous types d’organisme luttant contre la maladie en fournissant les ressources nécessaires à leur fonctionnement, et la création d’établissements de cure antituberculeux. Il est reconnu d’utilité publique le 16 mai 1929. L’association se compose de membres d’honneur, fondateurs, bienfaiteurs, actifs et adhérents, et est administrée par un conseil de direction dont le bureau se compose notamment, d’un président et de vice-présidents, d’un secrétaire général et d’un trésorier.
1920-1923. Débuts des activités du Comité
Le comité a tout d’abord la charge des dispensaires de Vannes et de la Roche-Bernard - gérés par un médecin mais subventionné par le CDDT - et de la maison de cure de Moncan à Auray. Celle-ci, créée après la fin de la Première Guerre mondiale (mai 1920) et réservée aux militaires réformés pour tuberculose, est ouverte aux bénéficiaires de l’assistance médicale gratuite en 1923. Entre 1920 et 1922, les dispensaires de Lorient, Pontivy - gérés par des comités locaux -, Auray, Ploërmel et Hennebont sont mis en service. Leur personnel est composé de médecins exerçant au sein des dispensaires et d’infirmières visiteuses, qui sont dénommées assistantes sociales après la Seconde Guerre mondiale. Celles-ci assistent les médecins et effectuent des visites à domicile pour enquête et surveillance des populations civiles et des militaires réformés. Au cours de l’année 1920, 236 séances de consultation permettent l’observation de 1 559 personnes, tandis que 1 567 sont visitées.
1923-1933. Création du préventorium de Plumelec
En 1923, le comité projette la construction d’un préventorium pour enfants tuberculeux pulmonaires à Plumelec, village à l’altitude propice au traitement de la maladie et dont le médecin local, le docteur Rême, collabore activement à la lutte antituberculeuse. Il est le fondateur du préventorium. Un terrain de 8 hectares situé près du bourg est acquis la même année. La réalisation des bâtiments est confiée à l’architecte Edmond Gemain et la première pierre est posée en novembre 1930. Le préventorium, « œuvre maîtresse » de l’association, ouvre ses portes en 1933 aux enfants des deux sexes des quatre départements bretons et de Loire-Inférieure ; il est administré par un médecin-directeur, le docteur Rême, sous le contrôle d’une commission de surveillance composée de membres du CDDT. Au cours de sa première année de fonctionnement, 229 enfants y séjournent, soignés par des médecins exclusivement attachés à l’établissement, et surveillés par des religieuses hospitalières et des infirmières laïques. L’enseignement est dispensé par des instituteurs et institutrices publics.
1934-1939. Fermeture de Moncan et développement de l’activité avant la Seconde Guerre mondiale
L’année 1934 voit la fermeture, le 1er octobre, de la maison de cure de Moncan, en situation financière défavorable du fait de la raréfaction des malades et dont les locaux sont devenus vétustes. Cette même année, une réorganisation territoriale s’opère pour les dispensaires, amenant la création de postes dispensaires à Locminé et au Faouët. En 1936, le Comité d’hygiène sociale et de préservation antituberculeux de Lorient est reconnu comme société distincte et déclaré autonome vis-à-vis du CDDT, qui ne gère donc plus le dispensaire lorientais. En 1937, le préventorium reçoit l’agrément du ministre de la Santé publique et la classification en « établissement susceptible de recevoir (…) les enfants débiles et placés dans des conditions de moindre résistance ou prédisposés à la tuberculose ». Avant la Seconde Guerre mondiale, le rapport d’activité des dispensaires de 1938 fait état de 6 700 consultations et de plus de 13 000 visites au cours desquelles les infirmières ont aussi en charge le contrôle de l’allaitement et des nourrissons. Le préventorium, d’une capacité de 230 lits, accueille 748 enfants pour un total de 92 634 journées de présence.
1939-1945. Nouvelles attributions et réorganisation en temps de guerre
Durant le conflit, le CCDT reçoit du nouveau gouvernement la charge de l’action antialcoolique et devient en 1941 Comité privé de défense contre la tuberculose et d’action antialcoolique. De ce fait, une commission spéciale est créée et de nouvelles personnalités, dont le directeur de l’hôpital psychiatrique de Lesvellec (Saint-Avé), sont appelées à siéger au sein du conseil d’administration. En parallèle, suite à la loi du 1er février 1943 (constatée nulle en 1945) relative à la réorganisation et au rôle des dispensaires antituberculeux, Le CDDT fusionne avec le Comité d’hygiène lorientais. Le dispensaire de Mauron est ouvert en 1944, alors que celui d’Hennebont, propriété de la commune, est entièrement détruit lors des bombardements. Au préventorium, Le docteur Rême, souffrant, est remplacé temporairement par le docteur Lapalle, pour assurer le fonctionnement de l’établissement dont l’activité ne faiblit pas durant cette période.
1945-1955. Modernisation du préventorium et cession des dispensaires
La fin des hostilités permet aux dispensaires de retrouver un fonctionnement normal, en dépit des quelques dégâts infligés aux immeubles (Hennebont et Le Faouët) et au matériel. Au préventorium, le docteur Rême doit prendre sa retraite pour raisons de santé. Il est remplacé en 1951 par le docteur Laurent (épouse Le Lan), laquelle reste en poste jusqu’à la fermeture de la structure. D’importants travaux d’agrandissement sont lancés cette même année ; sous-évalués, ils mettent à mal l’équilibre financier du CDDT. C’est aussi en 1951 que le conseil d’administration décide la rétrocession du service des dispensaires au Département, celui-ci assurant déjà la quasi-totalité des ressources de fonctionnement. Acceptée par le conseil général, elle est autorisée par le décret du Conseil d’État du 5 novembre 1953. L’activité se concentre donc entièrement sur la gestion du préventorium où, les grands travaux achevés, des aménagements sont réalisés et du matériel acquis afin de moderniser l’établissement. Malgré ce souci de perfectionnement, des tensions internes apparaissent au niveau du personnel dirigeant. De même, la position de neutralité du CDDT dans le domaine religieux provoque des incidents au niveau de l’enseignement laïc et des pratiques catholiques. Cela entraine le départ des religieuses appartenant à la communauté des Filles de la charité. Elles sont remplacées par celles de la communauté de Kermaria.
1958-1963. Diversification des activités face au déclin de la maladie : création de la maison sanitaire « Les Bruyères »
A la fin des années 50, les nouveaux moyens de lutte contre la tuberculose incitent les familles à soigner leurs enfants à domicile. Pourtant touché de manière moins forte que d’autres sanatoriums français, le CDDT, en vue de préparer l’avenir, décide de consacrer une partie du site du préventorium au traitement des jeunes malades atteints de « dilatations bronchiques ». Après des travaux d’aménagement destiné à la séparation des deux populations de malades et l’autorisation de la commission régionale d’agrément, la maison sanitaire « Les Bruyères », d’une capacité de 45 lits, ouvre ses portes le 15 avril 1959. Bien qu’autonomes, les deux établissements possèdent la même administration, ainsi que du personnel commun. Devant l’accueil favorable des départements de l’ouest, la capacité de la maison sanitaire passe rapidement à 70 puis 95 lits, nécessitant de nouveaux travaux d’agrandissement. Deux pavillons sont construits dans le but de loger les infirmières et le personnel enseignant.
1964-1974. Érosion de l’activité et dissolution
Au deuxième semestre 1964, la baisse très nette des effectifs du préventorium et des demandes d’admission se fait ressentir, en raison des nouvelles méthodes de traitement et spécialement de la vulgarisation du vaccin contre la tuberculose, le BCG. Décision est alors prise par le conseil d’administration d’intervertir, après autorisation du ministère de la Santé, les locaux du préventorium et de la maison sanitaire, qui passe alors de 95 à 120 lits en 1967, tandis que le préventorium fonctionne en capacité restreinte de 79 lits. Au début de l’année 1970, alors qu’il ne reste plus que 10 malades dans ses locaux, le conseil d’administration décide de la fermeture du préventorium. La maison sanitaire, qui reçoit l’agrément pour 200 lits, ferme ses portes deux ans plus tard, en raison de coûts de fonctionnement importants et du départ de nombreux membres du personnel. Le CDDT dont « la raison d’être n’existe plus » est dissous suite à l’assemblée générale extraordinaire du 26 mars 1974 et attribue ses biens à l’Association départementale des parents d’enfants inadaptés du Morbihan (ADAPEI) qui devient par la suite, tout en gardant le même acronyme, l'Association départementale de parents et d'amis des personnes handicapées mentales.